Dr Didier Vandeputte

La dysplasie
La dysplasie de la hanche est une maladie complexe dont les causes ne sont pas totalement éclaircies, bien que différents facteurs de risque aient été identifiés.
Caractère héréditaire :
On estime actuellement à 50 % les facteurs d'hérédité pouvant s'exprimer par l'apparition d'une dysplasie. Il semble néanmoins que les facteurs d'environnement influencent fortement son aggravation.
Croissance et gain de poids rapide et précoce :
Les chiens à croissance rapide sont beaucoup plus sensibles à cette pathologie que les autres (berger allemand, labrador, terre neuve, etc.).
Alimentation :
Elle joue un rôle prépondérant, soit par un excès de minéraux, de vitamines, soit par un excès de calories, entraînant une surcharge pondérale et une sollicitation plus importante de l'articulation, d'où sa déformation.
Activité :
En permettant au chien une activité sportive trop importante pendant sa période de croissance, la sollicitation articulaire et osseuse exagérée peut favoriser une dysplasie coxale fémorale.
Musculature :
A l'inverse, une forte musculature du bassin peut compenser les faiblesses ligamentaires et masquer une dysplasie
Les symptômes varient beaucoup en fonction de l'âge du chien.
Moins de trois mois :
Il est très rare de voir des symptômes, mais le chiot fortement atteint peut paraître maladroit à cause de l'instabilité de la hanche.
De trois à six mois :
Cette instabilité s'aggrave et la démarche du chiot devient de plus en plus chaloupée, les premières douleurs surviennent, elles peuvent déjà être mises en évidence par l'hyper extension forcée.
De six mois à un an :
Les douleurs occasionnent des boiteries unilatérales ou bilatérales en fonction de l'atteinte. Le chien montre un début d'ankylose et une réticence à l'effort, souvent le train arrière est amaigri et le bassin anguleux.
De un an à six, sept ans :
Les symptômes peuvent s'estomper, voire même disparaître; le chien, toujours en fonction du degré de dysplasie, peut mener une vie tout à fait normale s'il n'y a pas d'excès d'activité.
Au dessus de sept ans :
Les signes d'arthrose sont apparus et le chien peut se remettre à boiter, surtout après un effort. Il peut, si les lésions sont importantes, boiter en continu dans les dernières années de sa vie. Il restera néanmoins toujours capable de se lever, l'arthrose n'a jamais paralysé un chien !

Le seul critère objectif de la dysplasie coxale fémorale est la radiographie du bassin. Pour être interprétable, cette radiographie doit être pratiquée selon un processus bien défini : ce protocole nécessite l'anesthésie du chien, un positionnement bien particulier et une image radiologique parfaite.  
Sur une radio, on évalue la coaptation de la tête du fémur dans l'acétabulum (c'est à dire la façon dont elle s'emboîte dans la cavité).
Stade A :
aucun signe de dysplasie.
Stade B :
stade intermédiaire : mauvaise coaptation tête fémorale / acétabulum; angle Norbert Olson > 105°.
Stade C :
Dysplasie légère : mauvaise coaptation avec angle Norbert Olson > 100°.
Stade D :
Dysplasie moyenne : mauvaise coaptation avec signe d'arthrose.
Stade E :
Dysplasie grave : luxation ou subluxation de la tête fémorale avec arthrose.

L'interprétation de la radiographie permet de classer l'état de dysplasie du bassin du chien en divers stades, mais elle ne permet pas de pouvoir juger du handicap de celui-ci. Il n'y a pas de corrélation entre les symptômes et l'image radiologique.
Diagrammes du bassin



normal légèrement dysplasique arthrosique




Traitement médical :
Il consiste surtout à soulager les douleurs du chien à l'aide d'anti-inflammatoires et de freiner l'évolution de l'arthrose par des chondroprotecteurs. Ces traitements permettent aux chiens atteints par cette pathologie de vivre dans les meilleures conditions de confort.
Traitement chirurgical :
Certaines chirurgies ont un rôle préventif sur l'évolution d'une dysplasie de jeune chien déjà installée, mais le caractère traumatisant de ces interventions freine leur généralisation.
La prévention consiste à écarter de la reproduction tous les reproducteurs présentant à un an, sur une radio de contrôle du bassin, des signes de dysplasie de stade D, E et parfois de stade C.

La prévention consiste également à éviter que le caractère de dysplasie ne puisse s'exprimer dans les races prédisposées.

Chez le chiot, on veillera à limiter une croissance trop rapide par une alimentation bien fractionnée et l'on respectera bien entendu les apports de calcium et de phosphore. Les aliments pour chiots de grandes races intègrent tous ces éléments.

On veillera également au développement harmonieux de la musculature par des exercices modérés et réguliers, et surtout l'on évitera la surcharge pondérale toujours très néfaste dans cette maladie.

La dysplasie de la hanche reste chez le chien une pathologie très répandue, malgré une éradication commencée il y a plus de quinze ans dans certaines races comme le Berger Allemand.
Un diagnostic précoce (six à neuf mois) permet néanmoins d'atténuer l'impact de la maladie et de conserver un chien en bonne forme toute sa vie.